Roland et les amplis à transistors, c’est une longue histoire d’amour. Il y a tout d’abord le Roland Jazz Chorus JC-120, considéré par beaucoup comme étant l’ampli pour guitare ayant le meilleur son clean au monde et puis il y a le best-seller de la marque : le Roland Cube qui doit être l’ampli à modélisation le plus vendu de sa catégorie.
Il y a environ 3 ans, Roland a sorti une nouvelle série d’amplis à transistors, intitulée « Blues Cube ». On pourrait penser que ceux-ci sont une déclinaison du Roland Cube mais ils n’ont en réalité strictement rien de commun à part le nom. Oubliez les modélisations d’ampli et la multitude d’effets intégrés, le Blues Cube est un ampli à transistors haut de gamme, qui utilise la technologie « Tube Logic » censée imiter le comportement d’un ampli à lampes. La série se décline en plusieurs modèles : le BC Hot (30 watts), le BC Stage (60 watts), le BC Artist 1X12 (80 watts) et une version 2X12 (85 watts). C’est le modèle Blues Cube Artist 80 watts que j’ai eu l’occasion de tester et que nous allons donc détailler ici.
Autant vous le dire tout de suite, je suis un fervent adepte des amplis à lampes et les critiques élogieuses du Roland Blues Cube ont quelque peu piqué ma curiosité. C’est donc sceptique mais intrigué que je me décidais à brancher ma fidèle Gibson SG dans le Blues Cube Artist.
Ma première impression fût que je ne retrouvais pas le son chaleureux de mon Vox AC15 et que je m’étais laissé abuser par le marketing de Roland. Un réflexe primaire et un peu hâtif car mon erreur a été de le comparer immédiatement à mon ampli à lampes habituel alors qu’il faut juger le Blues Cube Artist en tant qu’ampli à part entière. Si l’on en croit les arguments commerciaux de Roland, le Blues Cube se rapprocherait d’ailleurs plutôt des amplis à lampes type Blackface de Fender, comme le Twin Reverb, connus pour leur capacité à produire un son clean qui ne crunche pas à haut volume. Rien à voir avec mon AC15 donc… Pour ce qui est de la comparaison avec les Fender en question, je ne saurai me prononcer puisque je n’en possède pas. Et c’est sans doute une bonne chose pour juger au mieux ce Blues Cube.
Après plusieurs semaines de test, voici enfin mon avis complet sur ce Roland Blues Cube Artist ! D’un point de vue esthétique la version noire de ce Blues Cube est très réussie. Son look vintage est totalement inspiré par le Fender Hot Rod Deluxe. Il est équipé d’un HP de 12 pouces à l’intérieur d’une structure en peuplier et dispose de contrôles et de connectiques presque complètes : boucle d’effets, sortie ligne, sortie casque, sortie USB pour enregistrement sur PC/Mac et des entrées pour les footswitchs de la marque. Seule manque à l’appel une sortie pour un HP supplémentaire mais est-ce vraiment indispensable sur un ampli aussi puissant ?
Car oui les 80 watts de ce Blues Cube Artist sont très très puissants, largement suffisants pour jouer en groupe sur des petites scènes sans être repiqué dans la sono. Le sélecteur de puissance 0,5w/15w/45w/80W permet de diminuer la puissance de la bête en fonction du lieu dans lequel vous jouez. Et c’est là l’une des caractéristiques qui m’intéressait le plus puisque la promesse d’avoir un son identique dans mon appartement et en concert est très séduisante. En configuration café concert, on choisira par exemple la position 15w ou 45w maximum. Petit bémol : si le sélecteur fait le travail, on ne peut en réalité pas vraiment obtenir avec exactitude le même son à très bas volume et à un volume très élevé. Ce qui aurait été une première d’ailleurs.
Le Blues Cube Artist est doté de nombreux contrôles : égalisation 3 bandes : bass/medium/treble, volume, master, presence, gain, boost, tone, circuits clean et crunch, entrées jack high et low ainsi que deux effets : reverb et tremolo. On peut donc sculpter le son de manière efficace pour avoir le rendu désiré. Et de ce point de vue, le blues cube est très convaincant, les contrôles agissent de manière efficace et sont suffisamment complets pour obtenir le son que l’on recherche. Le contrôle de présence est un atout indéniable que l’on ne retrouve pas sur les autres modèles de la série. Il ajoute un aspect brillant à la plage des moyennes et hautes fréquences et constitue un moyen efficace pour améliorer la définition du son. L’ampli dispose également sur chaque canal de boutons boost et tone. L’activation du tone éclaire les gammes des moyennes et hautes fréquences, produisant un son plus clair. Quand au boost, il apporte un léger crunch sur le canal clean et augmente le gain sur le canal crunch.
Le canal clean est excellent. On a un son clair de toute beauté, que l’on peut garder intact à un volume élevé en jouant avec le master et le volume. Mais il est également possible d’avoir un son plus rond, semblable à ce qu’on peut avoir sur un ampli à lampes. C’est la technologie Tube Logic de Roland qui se charge de simuler ce comportement. Le son est ainsi plus riche, réactif et sensible à la dynamique du jeu du guitariste lorsqu’on augmente le volume. Roland n’est pas très clair sur la nature de cette technologie. Les termes « modélisation » et « numérique » ne sont jamais utilisés mais il est évident que le Blues Cube n’est pas un ampli full analogique. La technologie Tube Logic est bien une modélisation, mais elle se différencie des modélisations traditionnelles en reproduisant de A à Z le comportement d’un vieil ampli vintage, pré-amplification comprise. La sensation numérique que l’on peut parfois ressentir avec des amplis à modélisation comme les Vox VT, Line6 Peavey ou Fender Mustang, n’est pas présente ici. Ce Blues Cube ne boxe pas dans la même catégorie.
Le canal crunch, en revanche m’a déçu, je n’ai pas réussi à en tirer quelque chose de réellement satisfaisant. C’est vraiment le point négatif de cet ampli. Pour moi, ce n’est pas un handicap en soi, car je suis un aficionados des pédales d’effets, mais pour quelqu’un d’autre, cela pourrait être un problème.
Mais alors comment réagit ce Blues Cube Artist avec les pédales d’effets ? Et bien c’est là aussi que l’ampli de Roland m’a bluffé. Toutes mes pédales de fuzz, overdrive, distorsion et autres modulations ont sonné remarquablement bien. C’est un ampli, qui sur son canal clean, prend très très bien les pédales. Bien mieux que d’autres amplis à lampes que j’ai pu essayer. C’est donc un très bon point pour les guitaristes qui utilisent des pédales.
Petite particularité : il est possible d’activer le canal clean et le canal crunch en même temps pour découvrir une palette de sonorités encore plus large. Une originalité que je n’avais pas jamais vu sur un autre ampli. C’est donc à souligner même si je ne me suis pas attardé sur cette possibilité.
Roland a également prévu deux entrées guitare High et Low. L’entrée Low sera à privilégier si votre guitare a un niveau de sortie élevée avec un son qui a tendance à se déformer facilement. Tout est donc fait pour tirer le meilleur de votre guitare.
Selon, moi Roland a franchi une étape dans la modélisation et a réussi à se rapprocher très fortement du comportement d’un ampli à lampes mais avec la possibilité d’avoir un son clean totalement propre. Si l’on compare un Fender Twin Reverb et un Blues Cube Artist, l’un à côté de l’autre, une oreille affutée sera certainement capable de détecter lequel des deux est un ampli à lampes. Mais si l’on fait fit de ces considérations et que l’on juge l’ampli seul, il se révèle être un excellent ampli. Alors bien sûr, psychologiquement, il peut être difficile d’investir 800€ dans un ampli à transistors alors que l’on peut se procurer des amplis à lampes Vox ou Fender pour moins cher… Mais le Roland Blues Cube Artist est un ampli à transistors haut de gamme qui tient la dragée haute à de nombreux amplis à lampes.
Personnellement, je suis séduit par cet ampli car le Blues Cube a de nombreuses qualités qui correspondent à ce que je recherche. La possibilité d’avoir un son clair à haut volume est un vrai atout et il prend magnifiquement bien les pédales. Le master et le sélecteur de puissance permettent de l’utiliser à la maison aussi bien qu’en concert. Les multiples contrôles permettent de sculpter le son de manière très efficace. Et pour ne rien gâcher, il dispose d’une connectique complète que l’on ne retrouvera pas sur la plupart des amplis à lampes. Enfin, le Blues Cube a les avantages des amplis transistors : aucune lampe à changer et un poids acceptable de 16kg. Ca reste un avis personnel, mais selon moi, le Blues Cube peut remplacer sans aucun problème un ampli à lampes et son prix très élevé, si on le met en relation avec la qualité du son, me semble justifié. C’est finalement un ampli unique dans sa catégorie. Le Blues Cube Artist a donc tout ou presque pour faire tomber quelques préjugés chez certains ayatollahs du tout lampe.
Description du Blues Cube Artist sur le site de Roland : https://www.roland.com/fr/products/blues_cube_artist.
Je viens de lire ce commentaire ! alors juste une question ; si vous deviez acheter un de ces deux ampli ? le quel acheteriez Vous ? merci